En 2019 nous répondions avec l’association Vergers Urbains à un appel projet Paris – Campagne pour soutenir les interactions entre Paris et les campagnes avoisinantes. Entraide, soutien technique, échange de connaissance, amélioration de la résilience entre chacun.e

Le sujet spécifique que nous avons souhaité développer est celui de la forêt durable et de l’approvisionnement local de bois en Ile-de-France !

Aujourd’hui le 21 mars 2021 c’est la journée internationale des Forêts c’est pourquoi nous vous partageons cet article !

Voici une présentation de notre projet, des enjeux et de nos objectifs :

Une AMAP (Association pour le Maintien d’une activité Paysanne) cherche à approvisionner des légumes locaux et bio, à soutenir un maraichage humain et écologique et à rapprocher le producteur des consommateurs.

Le principe serait un peu le même pour notre projet que nous pourrions renommer AMAF bois. Une AMAF bois permettrait aux consommateurs de savoir d’où vient son bois, produit par qui et comment, approvisionner et transformer de quelle manière, etc ?

Un métier qui utilise des matériaux naturels

Notre coopérative travaille le bois depuis des années pour une multitude d’acteurs et de clients.
Le déplacement à vélo favorise une approche éco-responsable et pragmatique de notre métier. Nous optimisons la logistique des derniers kilomètres, favorisons les solutions issues de circuits courts, les ressources écologiques et souvent les petites exploitations compétentes.

Le bois a toujours été notre matériau de prédilection et nous aimons le travailler. Malheureusement l’approvisionnement de bois dont nous connaissons l’origine et dont nous pouvons limiter les pollutions liées aux transports reste difficile.
C’est pourquoi nous avons commencé des recherches sur le sujet depuis notre création et petit à petit avec nos partenaires afin de fédérer ensemble nos recherches d’une filière correspondant à nos attentes.

Un marché du bois local inexistant

Nous constatons aujourd’hui qu’il n’existe pas de possibilité de se procurer à Paris du bois d’œuvre pour des chantiers de construction et d’aménagements, dont nous pourrions connaître la provenance exacte, la façon dont il est produit et qui pourrait répondre à des critères écologique.

– Pas de lieu de vente spécialisé proposant du bois local provenant de forêt gérées durablement
– Pas de labels ou de fiches produits assez détaillées à disposition chez les fournisseurs pour les produits que nous recherchons et répondants à nos exigences (sylviculture douce, bois non traité, origine, etc. )
Pas de chaîne d’approvisionnement pour limiter les déplacements (tournée souvent à vide des livraisons des fournisseurs sur Paris, pas de système de commande groupée, etc.)
– Pas de lieux de stockage mutualisés pour économiser de l’espace et des coûts pour les artisans et les associations notamment dans le milieu des jardins (stockage de matériaux, de substrats, de végétaux…)

L’accès à ces informations et à des revendeurs de ce type de bois est encore plus difficile pour les particuliers

En nous associant aux professionnels du monde de la forêt et du bois en Ile-de-France, nous souhaitons mettre en place et animer une filière d’approvisionnement en matériau bois bio-sourcé issue de forêts gérées durablement.


Un premier travail de recherche de compréhension du monde forestier Francilien a été réalisé par nos soins et résumé dans ce visuel :


Les points clés de nos objectifs :

Offrir à l’acheteur ces différents critères :
– Produit localement avec origine précise et traçabilité,
– La connaissance plus personnelle des producteurs, de leur travail, de leur mode de gestion forestière et de distribution,
– Une transparence des prix

Un lieu de vente, une structure participative et grand public :
– Pour les professionnels parisiens et franciliens : menuisiers, constructeurs bois, paysagistes et agriculteurs urbains. Avec une étude spécifique de leurs besoins (bois d’intérieur, bardage, platelage, serres, jardinières…).
– Pour les particuliers pour leur rendre accessible du bois qu’ils ne peuvent trouver dans les circuits habituels et pour leur transmettre de l’information sur la filière Francilienne des forêts

L’organisation de cette filière, depuis l’arbre jusqu’au produit installé chez le consommateur final, assure le contrôle et la maîtrise de sa production et de son suivi.
En association chaque acteur, tout au long de la chaîne et de production, nous entendons créer un système organisationnel collaboratif tant, en amont, sur la gestion de la ressource, qu’au niveau de la chaîne de production et de distribution. Nous souhaitons développer cette filière en nous inspirant de celle des AMAP pour faire le lien entre le “producteur” et le “consommateur”.

Cette filière en vente directe de bois n’existe actuellement pas à Paris et, de part son organisation collective, permettrait d’offrir à la filière bois et à une partie de sa clientèle une plus forte résilience d’approvisionnement.
L’avantage également présenté par ce dispositif est de pouvoir mesurer l’empreinte carbone tout au long des étapes d’exploitation, de production, de transformation, de livraison et d’utilisation du produit.
Elle permet également d’assurer la connaissance environnementale et sociale autour du bois Francilien actuellement méconnue d’une grande partie des Franciliens. A travers des ateliers bois et la mise en place de documentation.

Résumé des innovations du projet

visite de scieries et forêts

– Promouvoir une gestion forestière exemplaire
Nous souhaitons nous approvisionner en bois issu de forêts gérées réellement durablement avec des pratiques respectueuses de l’environnement. Nous souhaitons soutenir une sylviculture qui prenne en compte le changement climatique (captation du carbone, préfiguration des boisements résistants au changement climatique, protection de la biodiversité, etc.)

– Soutenir le travail d’exploitants forestiers et de petites scieries dans les principes de l’ESS
Notamment des exploitations en difficulté financière ou pour trouver un marché face aux grosses scieries. En les soutenant au quotidien (payer au juste prix le bois pour permettre une activité rémunératrice, soutien moral, en s’engageant sur des précommandes et un paiement en avance comme pour les AMAP, avec des achats régulier de produits, en offrant une résilience de leur activité avec la multitude de nos clients / partenaires et avec une demande plus diversifiée de produits, en les aidant sur site si besoin, etc.)

– Répondre aux attentes écologiques des parisien.nes
De demande est grandissante en produits locaux de qualité et en bois d’œuvre.
De réduire le coût énergétique grâce à l’utilisation de matériaux bio-sourcés.
De participer à des projets qui ont du sens et dans lesquels ils peuvent s’impliquer

– Limiter au maximum notre impact écologique lié à la logistique et à l’approvisionnement
Réduire les émissions de dioxyde d’azote et de carbone en optimisant le transport et les modes de production.
Modélisation et optimisation multi-niveaux du transport forestier, gestion collaborative des chaînes d’approvisionnement, des commandes et du dernier kilomètre jusqu’au client.

– Rendre la production Francilienne de bois accessible au public
Mise en place d’un espace de stockage et de distribution à Paris.
Rendre le bois de qualité accessible économiquement à tous et à toutes.
Espace de stockage et d’atelier associatif réapprovisionné en bois et géré par notre réseau local participant au projet.

– Mise en place d’un chaîne logistique collaborative pour optimiser les coûts
Grâce à notre alliance d’acteurs afin d’obtenir des gains de performance en mutualisant la chaîne d’approvisionnement et grâce au partage des ressources (incluant l’information), dans le but de prendre des décisions ou d’accomplir des activités qui généreront des profits que nous ne pourrions (ou seulement partiellement) générer individuellement.
(mutualisation des investissements et des outils logistiques, sécurisation des prix du bois)

– Sensibiliser le grand public et les professionnels
Réalisation d’outils de communication et d’ateliers pédagogiques sur l’importance de changer les modes de consommation en bois (impact de la production du bois sur l’environnement, impact de l’importation de produits de l’étranger fabriqués avec du bois Francilien, impact d’utiliser du bois plutôt qu’un autre matériau, etc.)
Réalisation de fiches produits et du fournisseur, de cartographie (de l’exploitation au client final),
Partage des savoirs autour du bois pour rendre autonome notre public sur le choix et l’utilisation du bois

Pour aller plus loin :

Récolte de bois en Ile-de-France

La Région est exportatrice de Bois d’œuvre et importatrice de Bois d’énergie.
Une incapacité de la filière à répondre à la demande régionale en bois construction, au regard des volumes et des essences recherchées, participe au fait que 20% du bois d’oeuvre d’-Île-de-France part à l’étranger, et que 79% de ce bois sera utilisé dans d’autres régions.

Actuellement en Île-de-France, la récolte de bois est bien inférieure à la consommation de bois brut de la région : 742 000 contre 1 863 400 m3, soit moins du tiers de la consommation francilienne.

Sur ces 742 000 m3 de bois prélevé en Île-de-France,seulement 381 036 m3 sont commercialisés, le reste étant déclaré comme de l’« auto-consommation » (notamment pour le bois de chauffage).
Cependant, 60 % de la superficie des forêts de la région présente des conditions d’exploitation favorables selon les critères de l’IGN adaptés à l’Île-de-France, et seulement 6 % affichent une exploitabilité difficile.

Disparition des scieries régionales
La filière forêt-bois francilienne est dépourvue d’outils de 1ère et 2nde transformation de dimension industrielle. Moins de 1% des bois issus des forêts franciliennes est transformé en Île-de-France (le bois d’œuvre de qualité est transformé dans les régions périphériques – Picardie, Normandie, Centre – ou exporté à l’étranger pour 20 % des volumes – Chine et Europe du Sud).Le bois d’œuvre (BO) a, de son côté, connu une diminution de 33 % ces dix dernières années (-3 % moyenne annuelle) en lien avec la quasi absence d’activités de sciage et de première transformation dans la région et la déconnexion entre l’offre (feuillus) et la demande (résineux)

En effet, à cause de la pression du foncier dans la région, il n’y reste plus que 6 scieries, contre
une soixantaine il y a 40 ans. Le maintien de l’activité des scieries actuelles tient plus du devoir
moral (entreprises familiales souvent centenaires) que de l’intérêt économique.

On estime que 75% du marché francilien leur échappe. Une grande partie des forêts franciliennes se trouve pourtant à moins de 50 km d’une scierie. Situées dans les régions limitrophes, ces scieries peuvent constituer une opportunité de développement de la filière forêt-bois francilienne, via notamment la structuration d’une offre interrégionale et/ou
nationale répondant à la demande du marché de la construction bois francilien.

L’essentiel du sciage des bois franciliens est réalisé hors Ile-de France dans les départements et régions limitrophes : Oise, Aisne, Yonne, Eure, Loiret, Normandie. Quant aux quelques scieries franciliennes, adaptées à leurs forêts, elles scient actuellement 95% de feuillus. Les sciages de résineux ne représentent que 110m3, soit 5% des volumes. Les produits connexes de ces entreprises sont valorisés par les plateformes locales de bois énergie.
Lorsqu’au milieu des années 70, près de 75000 m3 y étaient sciés, il n’en reste plus que 2127 m3 par an. La plus grosse scierie du territoire (Roeser), basée en Seine et Marne, traite 3000m3 de grumes équivalent à 1200m3 de sciage.Les autres scieries(4-5) sont de tailles plus modestes et peuvent être qualifiées d’artisanales. Elles réalisent chacune entre 100 et 500m3 de sciage par an

Programmes et directives dans lesquels se rattachent notre projet

La charte-bois-construction publique d’Ile-de-France
S’articule autour de 5 actions :
1/ La définition d’une bonne stratégie de communication ; d’un message commun pour promouvoir l’utilisation du bois et des matériaux biosourcés ;
2/ La mise en œuvre de moyens de communication auprès des maîtres d’ouvrages et du grand public ;
3/ La dynamisation de la filière bois ;
4 / L’intégration de la notion de traçabilité à l’ensemble des produits bois, doit doivent être utilisés uniquement ceux qui proviennent d’une gestion durable ;
5/ La gestion des déchets bois (Identification ; tri ; valorisation d’au moins 70% des déchets bois)

Le Programme Régional de la Forêt et du Bois d’Île-de-France (PRFB)
Applicable de 2019 à 2029 est le document cadre de la politique forestière régionale, qui accompagne la filière dans la réalisation de ces objectifs :
1/ Gérer nos forêts de manière dynamique, durable et multifonctionnelle dans un contexte de changement climatique
2/ Renforcer la compétitivité et l’emploi des filières bois régionales et interrégionales
3/ Encourager les dynamiques territoriales
4/ Répondre aux attentes sociétales en matière de nature, de paysage et d’accueil du public
5/ Communiquer sur la forêt, sa biodiversité, la gestion forestière, la filière forêt-bois et ses métiers

La loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt du 13 octobre 2014
En application de cette loi a été mis en place le Programme National de la Forêt et du Bois (PNFB), fixant les orientations de la politique forestière nationale pour dix ans. Approuvé par décret le 8 février 2017, ce programme élaboré en concertation avec toutes les parties prenantes de la filière forêt bois se donne 4 objectifs :
1/ Dans le cadre de la croissance verte, créer de la valeur en France en gérant durablement la ressource disponible,
2/ Répondre aux attentes des citoyens et s’intégrer aux projets de territoires,
3/ Conjuguer atténuation et adaptation des forêts au changement climatique,
4/ Développer des synergies entre forêt et industrie.

Francîlbois Ile-de-france
Favoriser l’implantation et le développement en Île-de-France ou dans les régions périphériques d’unités de première et de seconde transformation est un enjeu majeur du PRFB, permettant de valoriser la ressource francilienne principalement constituée de feuillus
– La démarche repose dans un premier temps sur la réalisation d’études d’opportunités de l’implantation d’outils de transformation à articuler avec le développement de partenariats interinstitutionnels et / ou commerciaux à l’échelon interrégional.
– Le développement des usages matériaux des bois franciliens repose sur l’organisation de partenariats institutionnels et économiques entre d’une part, les acteurs publics et privés, et d’autre part, les acteurs de l’amont et de l’aval de la filière. Ces partenariats ont vocation à être développés à l’échelle régionale et interrégionale.
– Il est aussi important de développer les usages du bois francilien, avec notamment la valorisation des bois feuillus sur des marchés, dans le cadre de circuits courts et de proximité en priorité, afin de limiter l’impact environnemental du transport de bois sur de longues distances.

Bilan de l’évaluation du SDRIF (schéma directeur IDF) de 2013
La forêt et le bois font l’objet d’une attention particulière dans le SDRIF. Le projet spatial régional combine les objectifs de valorisation et de protection des espaces naturels et boisés. De nombreux objectifs de la SRFB convergent avec les orientations du SDRIF, notamment dynamiser et territorialiser la gestion de la forêt francilienne, déclencher le réflexe “bois-biosourcé” dans la commande publique, créer des synergies entre la recherche, l’enseignement et le marché, augmenter la part bois sur le marché de la construction, mettre en place et expérimenter un système de neutralisation carbone…
Ainsi, en adoptant une stratégie régionale pour la forêt et le bois 2018-2021, la Région souhaite aujourd’hui se doter d’un cadre lui permettant de mener une action structurante auprès des acteurs de la filière francilienne et faire de la forêt et du bois un vecteur de création d’emplois, de valeur ajoutée et un levier de lutte contre le changement climatique.
Impulsant une dynamique sans précédent en Île-de-France, la mise en œuvre de ces actions vise des retombées positives en termes de création d’emplois, en augmentant, en 5 ans, de 25% le nombre actuel d’emploi de la filière.
Il est également prévu de favoriser la complémentarité des filières régionales par la mise en place de coopérations interrégionales : le développement d’une alternative au transport routier des bois (grumes) et des produits bois (énergie, matériaux) entre l’Île-de-France et les régions voisines est un axe de coopération porté notamment dans le cadre du CPIER du bassin de la Seine

Autres données et points d’intérêts liés à notre projet



– Soutenir les forêts entretenues écologiquement
49 % des peuplements forestiers en France sont mélangés en espèces
La résistances des forêts mixtes aux attaques d’insectes est prouvée dans 80% des études.
Il n’est plus à prouver que les forêts entretenues écologiquement permettent le développement et la longévité de la biodiversité végétale et animale.
L’accroissement courant (commercial) de la forêt mixte a été mesuré aux alentours de 6 m3/ha/an depuis 30 ans.
Il faut continuer de valoriser la production “en continu”, avec des coupes progressives et le maintien d’un peuplement d’âges variés et une partie laissée en “libre évolution”. Soutenir une culture diversifiée, sans coupe rase, sans dénaturation des paysages, sans fertilisants azotés qui acidifient les sols.

– Utilisation du bois en fin d’usage et projets zéro déchet
Les bois traités ou autoclavés, imprégnés à cœur de produits chimiques (100 à 500 Litres par m³), ou au bois composite (fibres de bois associées à des résines plastiques) sont plus ou moins toxiques. En fin d’usage, le bois non traité peut-être par exemple brûlé ou broyé pour les jardins ou le compost alors que le bois traité doit être recyclé en tant que « déchet industriel » et est totalement interdit au recyclage dans les pays du nord.

Nos projets sont économes en bois, nous revalorisons la quasi totalité de nos déchets sur site (paillage, broyat, plessis avec les déchets verts, etc) ou sur d’autres espaces (stockage des chutes de bois, réutilisation des sacs de terreau, des pots en plastique, du bois, des plantes encore en vie avec l’Hôpital des plantes, etc).

– De plus la filière forêt bois est aujourd’hui le principal puits de carbone français qu’il est important de préserver partout en France.
• 75 millions de tonnes eq. CO2 par an absorbé par les forêts en France 80 tC/ha stocké dans les 30 premiers cm de sol forestier
• 100 millions de tonnes eq. CO2 par an émise par l’agriculture 50 tC/ha stocké dans les 30 premiers cm de sol de vergers et cultures
• 30 millions de tonnes eq. CO2 par an émises par l’artificialisation + retournement des sols

– Une construction en structure bois nécessite :
• 9 fois moins d’énergie que le béton,
• 17 fois moins que l’acier,
• et 48 fois moins que l’aluminium.
• 1 m3 de bois = 1 Tonne de CO2 absorbé

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