Pourquoi nous intéresser à la tourbe ?

Nous recherchons chaque jour à trouver des solutions eco-responsables pour limiter l’impact écologique de notre activité de paysagistes jardiniers.

Cela passe notamment par des pratiques particulières liées à l’usage de substrats :

  • Réutilisation des déchets verts pour les broyer et en faire du paillage,
  • Production de terreau de feuille,
  • Utilisation de terre végétale et de compost,
  • Choix de substrats avec le moins de tourbe et d’engrais
  • Approvisionnement local,
  • etc.

Mais nous ne sommes ni autonomes en matière première, ni irréprochables sur ce sujet et ce, notamment à cause de notre utilisation de tourbe !
Nous avons été sensibilisé de l’impact négatif de cette dernière sur la planète, mais nous ne connaissons ni les causes détaillées du problème, ni les enjeux que cela représente d’en utiliser dans notre métier. Nous retrouvons de la tourbe dans une grande partie des plantes et des sacs de terreaux que nous achetons, il est donc important pour nous de nous y intéresser davantage !



Aujourd’hui, mardi 2 février 2021, c’est la journée mondiale pour les milieux humides et quoi de mieux pour vous parler des milieux humides que de vous parler des milieux humides des tourbières ?


C’est pourquoi nous avons réalisé quelques recherches sur le sujet, et que nous vous les partageons aujourd’hui.

Après quelques jours de lectures et de recherches nous vous résumons, à notre manière, ce que nous avons retenu sur le sujet de la tourbe à travers le visuel ci-dessous (cliquer pour agrandir).

Nous nous sommes surtout focalisés sur l’usage horticole de la tourbe qui nous intéresse particulièrement dans notre métier !!



Nous allons poursuivre nos actions pour employer du terreau sans tourbe et nous informer sur le sujet.

Si le sujet vous intéresse, vous trouverez quelques informations complémentaires ci-dessous, que nous avons glanées, notamment sur le site très intéressant pole-tourbieres.org que nous vous invitons à consulter.


Qu’est ce que la tourbe ?

Une tourbière, par définition, est une zone humide, colonisée par la végétation, dont les conditions écologiques particulières ont permis la formation d’un sol constitué d’un dépôt de tourbe.

Ces écosystèmes se caractérisent, en premier lieu, par un sol saturé en permanence d’une eau stagnante ou très peu mobile privant de l’oxygène nécessaire à leur métabolisme les micro-organismes (bactéries et champignons) responsables de la décomposition et du recyclage de la matière organique. Dans ces conditions asphyxiantes (anaérobiose), la litière végétale ne se minéralise que très lentement et très partiellement. Elle s’accumule alors, progressivement, formant un dépôt de matière organique mal ou non décomposée : la tourbe.​

La tourbe provient des marais qui offrent un habitat de qualité à des espèces animales et végétales rares et menacées. Ils sont aussi des réservoirs d’eau et agissent comme des éponges géantes qui absorbent des masses d’eau énormes et les libèrent très lentement. Un phénomène qui diminue les risques d’inondation. Les marais fonctionnent aussi comme des filtres à eau naturels et finalement, grâce à leur faune et flore uniques, ils jouent un rôle important comme zone de détente pour la population. Ce sont des biotopes humides essentiels.

Dégradation des tourbières et émissions de CO2

Pour améliorer leurs potentialités agricoles, de très nombreuses tourbières ont été asséchées, assainies par le biais de travaux de drainage, ce qui a eu des conséquences environnementales catastrophiques et souvent irréversibles.

L’extraction industrielle de tourbe, bien que très localisée, a été une cause significative de destruction des tourbières. En France, la moitié des tourbières a disparu depuis 1950. 

La tourbe a un caractère non renouvelable. Considérant que l’accumulation moyenne de tourbe annuelle est d’environ 1mm, la formation de la tourbe s’effectue sur plusieurs milliers d’années.

Wikipedia

L’exploitation des tourbières est incompatible avec des objectifs écologiques comme ceux de l’Accord de Paris. Il convient donc d’interdire l’exploitation des tourbières et l’importation de tourbe pour permettre un retour à l’un de leurs rôles principal : être un puit de carbone.

Un hectare de tourbière dégradée émettrait 25 t/an de CO2 dans l’atmosphère. Il est crucial d’éviter la dégradation de celles qui sont encore intactes aujourd’hui, et de restaurer celles qui peuvent encore l’être, d’autant que, selon l’UICN, la dégradation des tourbières émet 2,7 millions de tonnes de carbone par an.

Quelques chiffres :

 

  • Les tourbières couvrent 3% des terres émergées du globe. Leur tourbe contient plus de 30% de l’intégralité du carbone du sol.
  • La quantité de carbone stockée par l’ensemble des tourbières et quasiment équivalente à la quantité de carbone contenue dans l’atmosphère
  • L’union européenne est le deuxième plus grand émetteur mondial de gaz à effet de serre provenant des tourbières.
  • Lorsqu’elle sont affectées à un autre usage que l’initial (exemple : transformation en terre forestière, en terrain agricole ou urbanisé…), les tourbières émettent 25% des émissions de CO2 qu’impliquent l’ensemble des changements d’affectations des terres dans le monde…
    Alors que, rappelons-le, elles ne représentent que 3% des terres émergées !

“Peatlands – guidance for climate change mitigation by conservation, rehabilitation and sustainable use“. Hans Joosten, Marja-Liisa Tapio-Biström & Susanna Tol (eds.), 2012

Une tourbe surtout étrangère dans nos terreaux

La tourbe actuellement extraite en France est destinée à la fabrication de supports de cultures (terreaux horticoles).

L’exploitation des tourbières en France est limitée et possède une règlementation très stricte. Aujourd’hui, la protection des tourbières s’étend et la tourbe française ne représente plus que 4 % des terreaux vendus dans l’Hexagone, selon l’Afaïa.

La tourbe blonde, notamment utilisée en horticulture, provient principalement de l’étranger et des Pays baltes !

Se passer de tourbe ?

La tourbe a une forte capacité de rétention d’eau et une forte porosité, ce qui en fait un bon support de culture. Les tourbes blondes, brunes ou noires peuvent s’adapter à de nombreux usages agricoles.
Son seul défaut cultural serait de ne pas nourrir les plantes car la décomposition des végétaux dans les tourbières est incomplète et elle contient donc peu d’éléments nutritifs. D’où l’usage d’engrais dans les terreaux industriels…

La tourbe est le composant de support de culture le plus employé par les professionnels (86%) et les amateurs (69%).

Un litre de terreau sans tourbe peut émettre jusqu’à 10 fois moins de carbone qu’un terreau avec tourbe, il n’est donc pas négligeable de rechercher des alternatives.

Comment faire ?

Sans nous arrêter là, nous continuerons à faire évoluer nos pratiques pour privilégier un maximum de solutions écologiques, la prochaine étape pouvant être le remplacement des pots en plastique par des contenants en matériaux naturels ou recyclés, qui sait ?

D’ici peu, agriculteurs, pépiniéristes et paysagistes seront amenés à réduire l’utilisation de cette terre des marais, vielle de 3000 à 5000 ans.

Quelques rares fournisseurs de substrats, que nous avons contacté, travaillent à réduire l’usage de la tourbe, les transports et les emballages pour proposer des produits plus écologiques. Il peuvent notamment proposer des substrats sans tourbe composés d’argile volcanique, d’humus d’écorce, de fibres de coco, de fibres de bois, etc.

Le coût de tels substrats est plus élevé (un juste prix écologique ?!), mais la qualité est bien présente pour les usages que nous en avons et nous nous sommes bien adapté à son utilisation. Par exemple, si ce substrat sans tourbe retient moins l’eau, il suffit de penser à arroser en plusieurs fois.

De nombreux « mélanges maisons » sont proposées sur internet, mais l’idée reste d’avoir un substrat proche du terreau tourbeux. Pour cela, sable ou broyat offriront de la porosité, et terre végétale et/ou compost apporteront de la structure et un engrais naturel.